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  • : Le Club du Chevron et Anciennes du Parc Régional du Vexin, basé à Osny (95), rassemble des collectionneurs de voitures anciennes des alentours de l'agglomération de Cergy Pontoise.
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  • Club Multi marques de collectionneurs de voitures anciennes, basé à Osny dans le Val d'Oise. Réunion mensuelle le 1er dimanche matin du mois entre Avril et Novembre inclus de 9h à 12h au château de Grouchy (hôtel de ville d'Osny).
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25 janvier 2009 7 25 /01 /janvier /2009 16:23
 

AUTO-Biographie

 

Histoire mouvementée de ma B12-Bourguignonne

par Henri JUST


Chapitre I

     

Chapitre II

     

Chapitre III

     

Chapitre IV

     

Chapitre V

     

Chapitre IV - Le passage de la Loire.

 
Ce jour-là, le Pâquiot reçut un ordre si insolite qu'il se frappa plusieurs fois le front de l'index pour exprimer sans détour ce qu'il en pensait !
On lui demandait tout simplement de conduire, avec la B12, un notable, décédé à l'hôpital de Digoin, jusqu'à sa dernière demeure, située dans un village, de l'autre côté de la Loire...
En fait le problème n'était pas simple ... bien qu'urgent !
Le pont routier, en aval de la ville avait «sauté» en 1940. Le passage restait malaisé sur la réparation de fortune et le trajet s'avérait bien trop long pour le traditionnel cortège...
Or il existe une route bien plus directe : il suffit d'emprunter le pont-canal ... réservé comme son nom l'indique aux péniches et interdit, à priori, aux autres véhicules.
De chaque côté de ce pont, un étroit chemin de halage accueille les piétons et parfois des cyclistes assez intrépides pour rouler à 12 mètres au dessus du fleuve ... et à quelques décimètres du canal. (voir photo d'époque.)

 

Pont-Aqueduc de Digoin dans les années 40

Pont-Aqueduc de Digoin en novembre 2008


C'est alors qu'un petit malin s'avisa qu'une 10HP Citroën n'était peut-être pas plus large que les petits tracteurs Latil qui avaient réalisé des essais de remorquage mécanique sur le fameux pont juste avant la guerre.
Des mesures effectuées discrètement confirmèrent son hypothèse : une telle voiture passait d'extrême justesse ... restait à trouver un chauffeur capable de la conduire sans la faire basculer dans la «cuvette» de l'aqueduc ...
De là à solliciter le Pâquiot et sa B12, il n'y avait qu'un pas. Il fallut toutefois bien lui expliquer l'importance de la mission pour qu'il s'y engage sans réserve ...
Dès lors les choses allèrent très vite : le maire usa de son charisme et fit preuve d'une grande diplomatie pour obtenir l'accord de l'occupant allemand toujours très méfiant envers un éventuelle entourloupe «à la française ...»
On organisa le démontage du gazogène (trop large pour passer le pont) dans la cour du presbytère, lieu qui associait discrétion et proximité de la cérémonie. La gendarmerie fournissait l'essence pour cette circonstance exceptionnelle.
Sur le parvis de l'église, noir de monde, le Pâquiot attendait la fin des discours et des éloges pour entrer en scène. Sur le plateau de la B12, le cercueil disparaissait au milieu des fleurs. Tout était prêt.
Le moteur démarra au quart de tour; aussitôt couvert par l'harmonie municipale qui entonna une marche lente inspirée d'une romance de Beethoven ...
Le Pâquiot se tourna alors vers l'ordonnateur des Pompes-Funèbres, un grand moustachu un peu raide et l'invita à le rejoindre dans la cabine de la voiture. Ce dernier se récusa. Manifestement, il voulait éviter les risques de «la traversée» ... Le Pâquiot insista, sans plus de succès. Les soldats allemands présents comprirent que l'autre avait «la trouille» et arborèrent des trognes goguenardes ...
Monsieur le Maire, drappé dans sa dignité fit alors des deux mains des gestes sans équivoques et le grand moustachu finit par monter (encore plus raide) dans la B12.
Le cortège s'ébranla ...
Peu après, le Pâquiot engageait la voiture, d'une main ferme mais prudente, sur le bord du pont-canal. Le capitaine des pompiers et le président de la société digoinaise de joutes, natation, sauvetage, tenaient leurs hommes en alerte dans la cour de l'abattoir municipal qui jouxtait l'entrée du pont. En cas de «malheur», les jouteurs-sauveteurs s'élanceraient les premiers au pas de gymnastique pour secourir les «vivants». Les pompiers, équipés de cordages et de grappins suivraient d'un pas plus digne pour récupérer le défunt dans sa «nef».
Les 300 mètres de la traversée furent un véritable calvaire pour les spectateurs impuissants, fascinés par l'image de la B12 sur l'eau noire du canal.
Lorsque l'auto atteint enfin l'autre rive, la tension se relâcha brusquement et de manière un peu excessive ... Monsieur le Maire comprit qu'il fallait vite reprendre la main et invita ses administrés à se retrouver au café (dit) du pont des fainéants (1) pour honorer la mémoire du disparu ...
Là, il fit allusion à un mystérieux dernier service que celui-ci avait rendu au pays ...
Un «poivrot» qui avait profité de l'aubaine, suggéra d'aller guetter le retour de la voiture, car comme «ILS» avaient sans doute vidé aussi quelques bouteilles de l'autre côté de la Loire, le Pâquiot aurait encore plus de chance de se flanquer au canal en revenant ...
Le maire foudroya l'homme du regard mais retint les dures paroles qu'il s'apprêtait à prononcer. La gauloiserie ne faisait-elle pas partie de notre culture? Et puis surtout le «soiffard» n'était pas sensé savoir que dans la B12, assis à côté du Pâquiot, un général français, évadé d'Allemagne, venait de traverser la Loire, déguisé en croque-mort.

Henri JUST

(1) - Prononcer : féééniant - pont routier sur le canal en amont du pont aqueduc.


Rendez-vous pour le prochain chapitre : «La B12 libérée !»

Chapitre I

     

Chapitre II

     

Chapitre III

     

Chapitre IV

     

Chapitre V

     
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Published by cca.prv cca.prv - dans Restaurations