Waouh! Quel week-end! Josette et Alain ont donné dans l'excellence! C'est sur le parking de la mairie de Corbeil-Cerf que le rendez-vous était donné pour 23 de nos membres et propriétaires d'anciennes, sous un soleil qui nous promettait un temps presque estival.
Hélas, la Grégoire de Christian n'a pas voulu en savoir davantage et s'est arrêtée là.
C'est donc à 22 équipages que cette randonnée a débuté après le rituel café-croissants.
Direction Saint-Félix pour la visite du Musée Moulin Brosserie où nous avons découvert le barrage sur la rivière "Le Thérain", les vannes, le fonctionnement des 3 roues à aubes, l'étonnant système de poulies et courroient qui transmettent l'énergie aux machines ainsi que le fameux "Régulateur" à boules du XIXème siècle, inventé par James Watt.
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Le musée-Moulin de la Brosserie est situé entre Beauvais et Chantilly, installé dans 2 moulins dont la première construction date de 1533. |
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Puis, nous nous sommes retrouvés à l'intérieur de l'usine dans l'ambiance même d'un atelier des XIX et XXème siècle demeuré dans son état d'origine.
Notre guide, Président de l'Association qui gère le site, a expliqué avec une grande passion les différentes étapes de la fabrication des brosses. Il fallait aux ouvriers et ouvrières un énorme savoir-faire, beaucoup de dextérité et l'intelligence de produire un travail haut de gamme dans des conditions de bruit et de poussière quasiment impensables aujourd'hui.
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Après cette très intéressante visite, les estomacs criaient famine...et c'est à Ons-en-Bray, au Pré Marie, que nous nous sommes restaurés dans un cadre splendide où nos Anciennes ont rehaussé la beauté des lieux.
Peu après le départ, panne...d'essence...ouf! pour la Donnet d'Eric! Petit vent de panique en rase campagne où malgré tout la bonne humeur et la formidable entraide a eu raison de la gourmande! Il faut remercier Françoise et François qui ont assuré la sécurité des véhicules à l'arrêt.
Un passage rapide dans Gerberoy, cité des roses, qui nous a donné l'envie d'y revenir...tant ce village est romantique.
Les émotions passées, nous arrivons à Saint Samson la Poterie pour visiter une fabrique de carrelages fondée en 1836.
A la limite de l'Oise normande et de la Picardie, ce petit village (aujourd'hui 200 habitants), situé sur une veine d'argile du Pays de Bray, a autrefois tiré sa richesse de l'exploitation de ce filon qui l'a transformé en statues, vases, céramiques réfractaires...Puis, l'après-guerre, la période de reconstruction virent ses dernières heures de gloire. L'arrêt de la ligne de chemin de fer, la perte d'intérêt pour la brique et la tuile sonnèrent le glas de ces activités. Le lent déclin se poursuivit jusqu'en 1960. Alors qu'en 1900, l'effectif était de plus de 50 personnes, il chuta progressivement pour se réduite à 3 personnes et tout s'arrêta. Cependant en 1975, il reste encore des fous pour se dire que l'âme de ce lieu n'est pas morte. C'est un pari osé qui sera tenté à partir de presque rien : une usine fantomatique mais peuplée des souvenirs de ceux qui y ont travaillé et une petite équipe soudée qui va réactiver les fours, les séchoirs et créer, au fur et à mesure de l'expérience, la gamme des produits proposés aujourd'hui.
Le dirigeant de cette entreprise, homme d'affaires audacieux et clairvoyant, part à la conquête de nouveaux marchés "Bio". Sa fabrique est labellisée et est devenue "Entreprise du Patrimoine Vivant" en 2009 et inscrite en 2011 à "l'Inventaire des Métiers d'Art Rares de France". Il s'attache à conserver, chaque fois que la qualité le nécessite, l'empreinte du travail manuel, car il sait qu'au fil des étapes de la fabrication, elle la seule garante du produit qu'il élabore.
Il faut dire que la qualité de la matière première est exceptionnelle : une argile rouge panachée et une argile grise.
Le mode de fabrication, unique en son genre, aboutira à un carreau non uniforme, de couleur extrêmement variable qui donnera, à la pose, le charme des réalisations d'antan et, où la tradition non mécanique est totalement respectée et 100% Française.
Après cette visite envoûtante et qui a réveillé des envies de changement de déco, direction Gournay-en-Bray pour rejoindre le Saint-Aubin, hôtel où nous dînerons et passerons la nuit.
Après un sommeil réparateur et un bon petit déjeuner, nous voici repartis sur les routes du Pays de Bray. Traversée de charmants villages fleuris pour atteindre Lyons-la-Forêt.
Au coeur de la plus belle hêtraie d'Europe se love ce village pittoresque au charme typiquement normand dont les maisons en colombages alternant avec des maisons anciennes en briques roses et la Halle, classée au Monument Historique, s'élèvent, majestueuses, depuis l'époque médiévale. Chaperonnés par une guide, nous pénétrons dans son histoire...Tout d'abord, l'Hôtel de Ville avec sa salle de "bailliage", tribunal du XVIIIème siècle et ses vestiges de cachots. Le couvent des Bénédictines, le couvent des Cordeliers, la maison de Maurice Ravel autant de lieux où nous avons marché dans les pas de Guillaume le Conquérant, Henri 1er Beauclerc, Philippe Auguste, Pissaro et tant d'autres. Rien d'étonnant que Lyons soit classé parmi les plus beaux Villages de France.
Charles Beaudelaire disait : "Ici, tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté".
C'est d'ailleurs, sans doute pour cela que Claude Chabrol a choisi Lyons pour le tournage de son film "Madame Bovary".
Après cette superbe balade sous un soleil radieux, le long cortège de nos voitures s'est ébranlé dans les rues du village sous le regard réjoui de la population.
A présent, direction Morgny où nous déjeunerons à l'Auberge de la Forêt et où nous remercierons chaleureusement nos organisateurs.
A la suite de ce généreux repas, nous poursuivons notre chemin à travers des routes forestières de toute beauté...
Pour arriver à l' Abbaye de Mortemer.
Construite en 1134 à la demande d'Henri 1er Beauclerc, premier Duc de Normandie, Roi d'Angleterre et quatrième fils de Guillaume le Conquérant, elle tire son nom du latin " Mortum-mare " qui signifie " Mer-morte ", en raison de l'immense marécage qui inondait la région jadis. Dès sa fondation au 12ème siècle, l'Abbaye est partagée entre plusieurs mondes. L'eau bien sûr, la terre dont elle tire sa substance, la forêt qui l'enserre de sa splendeur, et enfin le ciel, auquel elle est dédiée. Le lieu fût choisi pour son calme propice au repos et à la prière. Affiliée à l'ordre Cistercien (elle fût la première en date en Normandie), elle vivait en complète autarcie grâce aux pigeons du colombier, aux lamproies, perches et tanches des viviers, au vin et au miel produit par les moines.
Son influence et son rôle dans la région sont incontestables. Il ne reste aujourd'hui de l'église du 12ème siècle, que quelques pans. Le support du transept nord et sa rosace, le cellier et un morceau de préau.
Au 18ème siècle, l'Abbaye souffrit d'une langueur de l'esprit et de l'âme qui, petit à petit lui fit perdre de sa substance et de sa raison d'être. En 1790, il ne subsistait plus que cinq moines. Sous la Révolution, les quatre derniers furent pourchassés et massacrés dans le cellier.
Au centre de la propriété, nous avons visité l'actuelle bâtisse qui fut construite à la fin du 18ème siècle et qui abrite un musée. Grâce à un système audiovisuel, nous avons passé en revue les scènes de la vie des moines. Notre guide nous accompagna dans les sous- sols de l'Abbaye où nous avons pû voir les Outils, le four à pain, une cellule monacale, sans oublier la petite fontaine, détournement de la célèbre fontaine Sainte Catherine si chère aux jeunes filles désireuses de trouver un mari dans l'année...
En sortant du musée, nous avons admiré le pigeonnier du 18ème siècle à la remarquable charpente en bois de châtaignier. Il servait à nourrir les nombreux visiteurs qui étaient reçus autrefois à Mortemer. Le Père Abbé dirigeait l'Abbaye mais était également juge de paix. Il rendait la justice pour des petits larcins. En conséquence, il eut droit au bandeau de justice qui est encore visible aujourd'hui (pierres ressortant et qui font le tour du pigeonnier). La sentence rendue, le prisonnier était enfermé à l'intérieur pour y accomplir sa peine.
Dans le fond du parc, notre visite s'est achevée par une balade à bord d'un tracto-train rustique en flânant le long des étangs où de nombreux oiseaux se reproduisent en liberté.
Imaginez ainsi, au cœur de la forêt de Lyons, à l'écart de toute habitation, nichée dans un vallon où coule la source Fouillebroc, les ruines d'une Abbaye... Mortemer, royaume de Dieu sur terre, mais également de Satan si l'on en croit les multiples légendes qui courent à son sujet.
C'est à Gisors que se terminera ce périple de 2 jours où nous avons traversé une magnifique région et où le plaisir et la bonne humeur auront dominé.
Nous renouvelons tous nos remerciements à Josette et Alain qui ont fourni un énorme travail et qui, comme à l'accoutumée, ont fait preuve de disponibilité et de gentillesse.
J.L