| AUTO-Biographie Histoire mouvementée de ma B12-Bourguignonne |
Chapitre II - « la carriole de la Françoise ».
Au lendemain de la catastrophe, la Françoise surprit ses proches par sa décision de se rendre sur le marché d'Autun plutôt qu'à celui du canton pourtant tout proche...
Partie avant le jour, elle marcha longtemps jusqu'à la gare du chemin de fer départemental. Le « Tacot » l'emmena, souvent précédé par son panache de vapeur et de fumée car il se déplaçait moins vite que le vent!
Arrivée à la grande ville, elle se dirigea sans hésiter dans une direction bien différente de celle du marché...et s'engouffra sous un porche à l'enseigne :
Jules Larivière et Fils - Charron – Peintre en équipages1
1Jadis les équipages étaient constitués des voitures, des chevaux et des cochers. On ne peignait, bien sur, que les voitures...
Elle venait rencontrer là une vieille connaissance: Jean, son conscrit, le fils de la maison. On le disait passionné de mécanique et le père Jules, ma foi, ne voyait pas d'un trop mauvais oeil les idées de son fils.
Ma grand-mère passa, avec ce dernier, un marché « gagnant-gagnant » comme on dirait aujourd'hui. Il lui fallait à présent un peu de patience...
Deux jours plus tard, grace au « Tacot » et à son vélo embarqué dans le fourgon à bagages, le Jean arrivait au village de Saint Eugène. Il contempla la B12 gisant dans la mare avec un regard de chef de chantier. Lui, savait comment était construite une automobile...Malgré l'eau et la vase, il entreprit immédiatement de la démonter.
Chaque pièce fut soigneusement répertoriée et rangée, là-haut, dans la grange.
Jean pensait conduire sa tâche discrètement...peine perdue: les curieux s'en allaient colporter les nouvelles au bistrot du bourg dont la fréquentation augmentait de jour en jour. La patronne, d'abord amusée, prit très vite la mesure des retombées économiques de l'évènement. Avec une grande habileté elle sut enflammer les conversations et susciter des paris à propos de ce que pouvait bien faire le gars d'Autun dans le pré aux moutons :
· Est-ce qu'il démolissait la voiture?
· Est-ce qu'il récupérait « de la mécanique » ?
· (Avec un demi-siècle d'avance, le village découvrait les problèmes du recyclage!)
Il y eut même deux clients pour prétendre qu'il était peut-être bien en train de la reconstruire...
Ce fut alors l'hilarité dans l'estaminet, suivie par l'arrivée d'une nouvelle tournée générale!
La patronne était aux anges car si la vente du journal baissait un peu, le volume des consommations explosait.
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Enfin, un beau jour, il ne resta plus rien au bord de la mare, Jean s'était enfermé dans la grange...
A Saint Eugène, on l'oublia.
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Un vieux berger solitaire, affirma à qui voulu l'entendre que le dimanche des Rameaux à l'heure où tous les habitants du village (sauf lui1) étaient à l'église, il avait vu au loin, un étrange engin, avec un nez de voiture, un embryon de cabine et presque rien derrière, sortir d'une cour de ferme et disparaître par le chemin de la « montagne ».
Trois semaines après la Françoise découvrait une véritable merveille dans la cour des établissements LARIVIERE : le Jean avait « peaufiné » la mécanique et le père Jules retrouvé ses doigts d'ébéniste pour construire une magnifique benne en bois verni abritée par une capote repliable contre la cabine. Quasiment le premier pick-up de l'histoire !
De chaque côté un panneau peint avec amour annonçait fièrement :
-Automobiles Larivière à Autun-
Ce jour là, Jean ouvrit officiellement son garage avec ce premier véhicule et ma grand-mère prit sa première leçon de conduite.
Dans les mois qui suivirent, la Françoise fréquenta avec une grande régularité les marchés à Autun...
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Un an plus tard (environ) ... | |
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Une voiture quitte la ville par le sud en longeant l'Arroux. A bord, on ne parle guère. (il faut dire que le véhicule est bruyant). Ses deux occupants pensent au chemin parcouru.
Jean est devenu concessionnaire Citroën à Autun. Aujourd'hui, il rend définitivenment la 10 HP devenue B12 Bourguignonne2 à Françoise qui conduit désormais « son » auto, aussi émue que fière.
Elle appréhende un peu le moment où après avoir déposé son passager à la gare de Toulon, elle prendra seule la route de son village (7 km3), devenant ainsi la première paysanne de la région à rouler carrosse.
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Cette B12 restera toujours dans les mémoires « La carriole de la Françoise ». La voiture connaîtra pourtant d'autres vies et d'autres compagnons...
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Pour le troisième chapitre, rendez-vous à l'automne 1943. Ceux qui s'intéressent à la grande Histoire ont déjà leur petite idée...Ils ont raison!
A Suivre...